Il suffit d’avoir vu une seule fois la musicienne et poétesse Paquita Maria sur scène pour être frappé par l’intensité de son charisme et la puissance de sa présence scénique. Ce qui surprend, ce n’est pas tant sa manière d’ensorceler la salle entière, mais cette capacité unique à toucher chaque personne individuellement, l’invitant dans son monde avec une douceur bouleversante. Une singularité qui se reflète également dans ses performances. Par exemple, lorsqu’elle passe une journée entière dans une salle annexe d’un bâtiment public à chanter une chanson à toute personne qui vient s’asseoir en face d’elle, après un instant de silence et de regard partagé. Ou encore lorsqu’elle grimpe dans un arbre au cœur de la vieille ville de Bienne et envoûte les passants stupéfaits par son chant. Une artiste à l’âme libre – désarmante, inclassable et délicieusement espiègle.
La voilà qui revient au Bout du Monde avec son nouvel album « YTZ », paru chez l’éditeur Der Gesunde Menschenversand, accompagnée de l’éclectique François Colléaux aux claviers et au sampler. Tandis que Paquita Maria nous plonge dans les méandres de sa poésie à la fois rugueuse et tendre, où elle se confronte – et nous confronte – au vertige d’exister, François Colléaux y déploie ses arrangements d’une clarté et d’une transparence presque fugaces. Et à nouveau, en écoutant, on ressent ce bonheur enivrant d’être précisément la personne à qui cette musique est destinée. Tantôt douce et délicate, tantôt forte et poignante. Mais toujours d’une beauté saisissante et profondément touchant.